Margot Monroe (Bella Hadid)

Tu n'entends que des BIP toutes les cinq secondes. Ainsi que, de temps en temps, des personnes qui passent, faisant un bref courant d'air froid vers toi. Tu trésailles à chaque fois, comme si ton corps, ton propre corps, interprétait cette sensation de façon étrange. Étrange car tu sembles te souvenir d'un sol dure, glacé. Tu n'es pas totalement sur. Cela ressemble à ton dernier souvenir. Comme par habitude, ton cœur s'emballe face à cette réflexion. Il fait des siennes. Comme toujours. Il tambourine en toi à une allure folle. Ça t'en fait presque mal. La machine s'affole elle aussi.. Mais ton esprit se focalise sur les bruits de pas qui arrivent, qui s'approchent. En un rien de temps, tu ressens la présence d'une personne à tes côtés. Des gouttes tombent sur ta main. Non. Tu ne souhaites pas qu'on pleure. Pas pour toi. Alors, avec le peu d'énergie qu'il te reste, tu te forces à ouvrir les yeux. Tu les ouvres d'un seul coup, et tu sens que ta vue est brouillée. Ils clignent un peu, mais tu tiens bon. Tu restes éveillée, pas le moindre du monde aveuglée par une lumière. Tu ne comprends pas pourquoi il fait si sombre, mais en tournant la tête légèrement, tu distingues que les rideaux de la pièce empêchent la plus grosse parties des rayons du soleil de pénétrer. C'était doux. Apaisant. A tel point que quand on a touché ta main, tu n'as pas réagis. Tu te laisses baigner dans ce cocon. Tu profites de cet instant de sérénité passager. Tu savais qu'il ne durerait pas à l'infini. Tu pouvais ressentir les premières douleurs refaire surface. Alors, dans un souffle, avant que tu ne t’effondre à nouveau dans un sommeil mi-comateux, mi-éveillé, tu dis quelques mots simples, rassurants. « Ça va. » Ton dernier souffle s'évanouit dans la pièce que déjà tes yeux se referment. Tu n'étais même pas sur de pouvoir les rouvrir à nouveau, mais au moins, tu avais trouvé assez de courage pour prévenir ta famille que tout irait bien pour toi : morte ou vivante.

Tes cheveux, ni courts, ni longs, s'échappaient fièrement en vagues d'un brun foncé presque noir de sous ta casquette bordeaux nonchalamment posée sur ton crâne. De sombres mèches rebelles s'étiraient sur ton front jusqu'à tes yeux noisettes peu pétillants, effleurant tes paupières au moindre mouvement. La tête baissées, les épaules affaissaient, tu ne savais pas réellement pourquoi on t'avait autorisé à sortir de l'hôpital. Après tout, il te semblait que ces murs blancs étaient devenu ta seconde demeure, une antre de sécurité dans ce bas monde. Pourtant, voilà que tu bravais le vent chaud d'été pour rentrer "chez toi". Du moins, c'est ce qu'ils t'avaient dis : tes "parents", tes amis, ta famille .... Lui. Cet homme qui ressemble à un personne oubliée, morte. Et pour cause ! Tu avais lamentablement oublié les six derniers mois de ta vie. Tout. Les bons moments, comme les mauvais. Tu t'étais évanoui dans la nuit fraîche de Janvier, vingt-et-un an fraîchement dans la tête. Tu sortais de cet endroit, le corps ressemblant à une épave, le cerveau en bouilli et l'idée incertaine d'avoir vingt ans, comme si tu avais manqué ton anniversaire, alors qu'on te soutiens en tout sens que ce n'est pas le cas. Tu ne savais plus réellement comment te comporter. On t'aurait traiter de folle que tu n'aurais rien répliquer. Parce que oui, à ce moment même, c'était exactement ce terme qui te convenait, du moins, de ton point de vue. Tu acceptes gentiment la main qu'on te tends, cette main qui avait certainement fait ton bonheur auparavant, qui avait du te soutenir dans la douleur de la perte de ton frère, ton cousin, de son véritable frère à lui. Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Ton regard se perd dans les yeux verts tendre du jeune homme et tu te demandes comment tu as pu oublier un visage aussi doux et sensuel que celui-ci. C’était inhumain. A la limite de l'irréel. Il paraît qu'il est l'homme parfait, du moins, c'est ta chère mère qui te le soutiens. Un prince charmant des temps modernes, dont la princesse a perdu la mémoire. Il a promis de veiller sur toi. Et toi, naïvement, bêtement, tu l'as suivis. 

« Tu es marié ?! » Ton cri résonne dans cette habitation décoré de façon moderne. Un loft épuré, dans les tons claires. Tu arrives à croire que oui, cet endroit est bien le tien. Il te correspond totalement. Mais là n'est pas le problème. Tu venais de passer la porte d'entrée et ton regard s’était figé sur une photo présente dans l'entrée, sur un meuble. On t'y voyait, les cheveux bruns remontés en un chignon décoiffé. Ton corps mis en valeur dans une robe rose poudrée somptueuse. Et à côté, sourire aux lèvres, costume faits sur mesure, cet homme qui te tiens la main. Logan. Il s'était marié et tu n'avais aucun souvenir de la cérémonie. Tes yeux s’humidifièrent d'eux même, comme si la nouvelle te blessait. C’était légèrement le cas, oui. Mais ce qui faisait mal, c’était de prendre conscience que les sentiments éprouvaient à ce moment de bonheur n’étaient plus présents désormais. « Je.. Excuse moi. Cette épreuve doit être tout aussi difficile pour toi et.. Je viens seulement d'en prendre conscience. » tu te retournes, fait face au jeune homme. Tu ne comprenais pourquoi il s'acharnait à vouloir t'avoir à ses côtés. À avoir cette manie de tenir ta main. À te regarder avec des yeux si doux qu'ils t'en faisaient rougir. À tout faire pour que tu continues de vivre avec lui, auprès de lui. Tout s’éclaircissait grâce à une simple photo  : vous aviez du vous rapprocher ces derniers mois, mois que tu as lamentablement oubliés, et tu priais intérieurement pour que tout revienne à la normal. Ce n'était peut-être que le début du retour de tes souvenirs. Tu déposes ta main contre la joue de Logan laissant ton pouce frôler ses lèvres rosées. « On trouveras une solution n'est-ce pas ? On trouvera la personne qui m'a fait ça ? » tu l’espérais. Tu ferais tout pour. Et Logan te répètes, à nouveau, que lui aussi crois en toi. Que oui, vous trouverez une solution. Oui, tout redeviendrait comme avant. Une fois de plus, la fille naïve qui sommeille en toi vient de faire une grossière erreur. Une fois de plus, tu donnes ta confiance à la mauvaise personne.