L’amour n’est pas un sprint. C’est un marathon. Une course âpre et acharnée qui ne s’achève que lorsqu’elle tombe dans tes bras… ou qu’elle t’asperge de bombe lacrymogène.
Ring Ring.
« Hum patience Angelina, patience voyons.. » Ring Ring.
« Quitter Brad pour moi ?.. ».
Ring Ring.
« Mais bordel qu'est-ce que … ? ». Alors que tu t'étais abandonné dans les bras de Morphée – ou plutôt ceux d'Angelina Jolie dans ce rêve – tu entends l'horrible sonnerie de ton portable venir t'en extirper avec force. La tête dans l'oreiller et le reste de ton corps emmitouflé sous la couette, seule l'une de tes mains sort de la nuit pour atteindre l'appareil à la cacophonie ravageuse posé sur ta table de chevet. Disparaissant à son tour sous les draps, tu réponds finalement.
« Allo ?! ». Ta voix ressemble bien plus à celle d'un australopithèque qu'à un jeune homme de 18 ans.
« Hey Timmy ! C'est ton frère… dis-moi tu fais quoi de beau là… ? ». En reconnaissant immédiatement la voix de ton aîné, tu sors de ta cachette, émergeant enfin quelque peu.
« Andrew ? Ma parole t'es bourré ou quoi ? ». Ce dernier se met à rire à l'autre bout du combiné.
« Roh mais non pourquoi tu dis ça ? Aïe merde ! Stupide trottoir… Bon d'accord peut-être un peu... Euh sinon, y'aurait moyen que tu viennes me récupérer au carrefour de la Downing Street et la Crosshaven Avenue ? ». Tu t'assois sur ton lit, encore dans les vapes jetant un coup d'œil désespéré à ton réveil. 2H50.
« Il est presque 3h du matin t'abuses ! T'imagines si Papa & Maman remarquent ma disparition ainsi que celle de la voiture en pleine nuit, tout ça pour aller chercher mon poltron de frangin ?! Et la meuf chez qui tu devais crécher après la soirée alors ? ».
« Eh bien tu te souviens de la règle numéro 18 ? ».
« Celle qui dit d'éviter de draguer une femme qui a une pomme d'Adam ? ».
« Non ça c'est la 24ème ».
« Ne jamais sortir avec le ou la coloc' de l'un de ses exs ? ».
« Gagné Timmy ! ».
« Du coup j'imagine que la coloc' est rentrée plus tôt que prévu et qu'elles t'ont mises à la porte ? ».
« Et médium en plus de ça, bravo ! Bon tu viens ou pas ? ». Enfilant tes pantoufles en soufflant, exaspéré par la situation dans laquelle ton cher frère s'était fourré tu commences déjà à fouiller dans ton armoire pour en tirer les premières fringues qui te passent sous la main. Le réveil à 6h pour ton entrainement va être violent.
« J'arrive dans dix minutes.. ».
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« C'est la merde.. »., te balances Erwan en entrant avec fracas dans la salle de bains, te faisant légèrement sursauter alors que tu es en train de te brosser les dents.
« Mais encore ? ». Ta question se perd dans le fouillis mousseux que ta bouche pleine arbore. Tu ne sembles pas plus inquiété que ça sur le coup, poursuivant activement ton affaire, les yeux face au miroir.
« Ya' plus de chambres de libre et du coup mon cousin nous refile un vieux matelas.. une place », balances ton meilleur pote, devenu depuis peu ton mari aux yeux de la loi. A ces paroles déroutantes, tu craches aussitôt tout ton dentifrice sur la vitre réfléchissante, les yeux exorbités par la surprise.
« Mec t'es sérieux ? ». Tu souffles en prenant une serviette pour essuyer ta connerie.
« J'ai l'air de déconner d'après toi ? ». Une main dans les cheveux, les lèvres pincés, t'aimes pas la tournure que prend cette fin de soirée.
« Fait chier.. il est vraiment petit ce matelas ? ». Erwan croise les bras.
« Ouais, et du coup on va pas avoir d'autres choix que de dormir en cuillère ». Tu fais les gros yeux, le teint encore plus pâle et lève rapidement la main comme un enfant qui chercherait à donner une réponse.
« Preum's pour la grande cuillère ! ». T'envisages pas de dormir autrement. Ça fait certes plusieurs semaines que vous pioncer ensemble pour les besoins de votre mensonge mais il y a suffisamment de place pour ne pas devoir vous toucher pendant la nuit. Alors que là.. c'est une toute autre histoire.
« Ok mais je te préviens, il est hors de question que je sente ta queue contre mon cul ! ». Tu lèves les yeux au ciel.
« Te frottes pas à moi et ça m'évitera de bander en pensant dans mon sommeil que t'es un nana ».
« Ouais beh t'as intérêt à la garder au chaud, y compris le matin ».
« Mec tu sais qu'à ce moment là c'est plus fort que nous. On parle de la levée matinale du drapeau merde ! ».
« Rien à carrer, tu te retiens ». Tu soupires et tous les deux vous allez dans le salon, simplement vêtus d'un caleçon et d'un t-shirt, un air faussement amoureux sur le visage. La famille d'Erwan vous souhaitent une bonne nuit et résignés vous vous allongés gauchement sur le petit matelas. Tu places une main par dessus ton 'époux' pour te caler comme il se doit.
« Tu ronfles, je t'éclate ». Tu râles en essayant de te positionner correctement.
« Je ronfle pas ! ».
« Mon cul, ya' deux jours tu faisais tellement de bruit que j'étais à deux doigts de t'étouffer avec ton propre oreiller.. ». Erwan marmonne dans son coussin, une injure sans doute que tu laisses passer. Les minutes s'écoulent et tu commences à sombrer lorsque ton pote finit par se retourner, se retrouvant ainsi face à toi, vos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. T'ouvres les yeux et t'es sur le point de lui demander ce qu'il fout quand il prend les devants.
« La ferme, j'arrive pas à dormir autrement... ». Tu bougonnes un instant avant de recaler ta main par dessus lui.
« T'es sûr de t'être lavé les dents ? ».
« Ta gueule Tim où t'en auras plus pour te les brosser.. ». Vous riez de bon cœur et vous vous endormez rapidement.